ABOUT YOU

Enfance radieuse au pays des Bisounours. J’ai passé sept ans de mon existence à rester ignorant des choses de la vie, des choses qui se tramaient autour de moi. Et oui, quand on est un petit garçon qui en plus vient d’avoir une petite sœur, il ne vaut mieux pas savoir la véritable vie que l’on subit derrière ce bonheur artificiel. Couvert des cadeaux, j’avais beau aimé être le centre d’attention de toute la riche famille Eastwood, d’autres choses plus graves m’avaient été cachées, pour mon soi-disant cœur fragile ou cerveau pas assez développé pour comprendre. Et bien voilà c’était simple : papa et maman s’aiment plus. Maman s’envoie en l’air avec le frère de papa. Papa s’envoie en l’air avec ses assistantes. La famille Eastwood s’appelle désormais la famille Auxmillessecrets. Et bien puisque c’est ainsi, si on continuait ?

«Maman, je vais chez Travis !» elle me fit un sourire. Elle aurait pu avoir la maison pour elle seule et faire des folies... «D'accord, mais ne rentre pas trop tard, n'oublie pas le gala de charité ce soir.» Si naïve. Même elle, je savais qu'elle avait horreur de ce genre de choses. Mais que voulez-vous.. Quand on est riche, on s'entretient. On passe ses journées à faire de faux sourires, cachant derrière une rancune, une haine profonde ou encore une jalousie qu'on ne s'avoue pas. Moi je jouais toujours sur le regard et les mimiques. J'adorais poser des questions assez perturbantes, qui mettent mal à l'aise ou qui n'ont rien à faire dans une conversation de classe sociale élevé. Par exemple... à mon cher oncle. «Sinon, tu as trouvé la femme qu'il te fallait enfin ?» bon, c'est après cette phrase, que je n'ai plus remis les pieds dans un gala de ce genre, mais tant mieux après tout, un monde délirant comme celui-ci, ce n'était pas pour moi.

«Tu dois bien gouter à la vie Cappie.» je le regardais, étrangement. «Tu le sors d'où ce prénom ?» il me riait au nez, s'allumant son troisième joint. «Tout le monde sait que ton deuxième prénom c'est Caperton depuis l'histoire du mariage... Mais bon, perso', je le trouve trop long. Et puis Lennon ça me fait penser au chanteur.. Je suis anti-beatles moi, tu le sais bien...» «Oui enfin bref, où veux-tu en venir Max?» il tira une longue latte sur son joint puis me regarda, comme si j'étais le plus ignorant au monde. «J'ai donc eu l'idée géniale de te trouver un surnom à partir de Caperton : Cappie. Ça te plait, avoue? » En fait, au début je trouvais cela plutôt étrange qu'on m'appelle Cappie. Mais c'était une façon de montrer que je ne reniais pas mes origines et ma famille (malgré tout...), tout en évoluant à ma manière. J'ai connu le plaisir de la drogue... Un temps. A vrai dire je n'y touche plus beaucoup, je préfère l'alcool désormais, la tequila et la manzana sont mes pêchés mignon du moment. Mais passons. Y avait eu cette première soirée, où j'avais tout fait : drogue, alcool et... première fois. Avec qui ? Je n'en ai pas la moindre idée. Elle est partie sans aucune trace. Elle regrettait sûrement. Nous étions tous les deux saouls alors ce n'était effectivement pas le top. Mais... pour autant, ça ne m'avait pas empêché de vouloir recommencer beaucoup, beaucoup de fois... De si nombreuses fois que j'en ai carrément irradié les relations sérieuses de ma vie. Sans autre raison que l'amusement éprouvé lors d'un ébat.

Mais les choses ne restèrent plus aussi simple. Ma famille, bien que premier exemple du vice, fini par apprendre pour les drogues et l'alcool que j'avais l'habitude de consommer régulièrement. Et autant vous dire que ce n'était pas très apprécié dans une famille comme la mienne. «Tu salis l'image des Eastwood, Lennon.» «Et toi tu crois que tu ne la salis pas ? A te taper des putes ou à augmenter le salaire des filles qui veulent bien te baiser ?» il fit un sourire déçu. «Lennon, quitte cette maison tout de suite.» M'approchant de son visage, le regard haineux je lui lançais : «A vos ordres, père.» Puis je partis. Prenant la moitié de son fric tout de même, pour être sûr de ne pas avoir la vie dure après. Croisant ma soeur, encore à moitié endormie. «J'espère que tu ne te feras pas avoir, toi. Ta beauté te joueras des tours...» La vie m'attendait, elle m'ouvrait les bras et je n'avais qu'à me jeter dedans.

Et ces millions que j'avais récupérés, ce si bel argent qui m'avait permis de voyager, je l'avais utilisé pour Sin City. Non je ne suis pas un accro aux jeux... Avant du moins. J'ai joué, durant trois nuits d'affilés. Je me suis bourré la gueule comme jamais, j'ai fais de la merde comme personne n'aurait pu en faire et... j'ai eu le plus de conquêtes qu'il soit. Mais tout ceci était trop beau pour continuer. J'ai vite perdu mon argent dans les jeux, bien qu'il m'arrivait de gagner, je pariais trop gros. Et puis cette nuit... La dernière nuit à vrai dire, passé avec cette jeune femme que je n'oublierais pas de si tôt...

«Lennon, lève toi bon sang ! L'appartement ne va pas se ranger tout seul !» mais qui osait me réveiller pour cela ? Qui osait haussé le ton comme cette voix venait de le faire ? Je sentis des mains se poser sur mes épaules et me tournant difficilement, je l'aperçus. Elle, la plus belle femme que je n'avais jamais vu. Aussitôt je laissais mon impulsivité de côté. «Aller ! lèves toi ! Je ne suis pas ta bonne, tu dois m'aider à ranger l'appartement, mes parents viennent ce soir pour te rencontrer.» Je me levais d'un bond, regardant autour de moi. C'était sans aucun doute son appartement. Bien trop ordonné et trop spacieux pour être le mien. Qu'est-ce que je foutais ici ?! «Euh... Excuse moi mais, tu n'as pas à me donner d'ordre, on ne se connait même pas...» elle s'énerva tout en lâchant un rire nerveux. «On ne se connait pas ?! Non mais tu plaisantes là j'espère ! On est marié je te rappelle ! » Au mot marié je crus tomber à la renverse. Me précipitant dans la salle de bain, je me regardais dans le miroir. C'était bien ma tête, mon corps.. Je me reconnaissais mais... Je n'avais pas fait un saut dans le futur pourtant, j'avais toujours vingt-deux ans, mes beaux yeux bleus et ma chevelure un peu trop longue... Mais c'est après plusieurs minutes de questionnement que je vis, une bague à mon doigt. Bien que je ne me sentes pas vraiment comme d'habitude, je compris directement. Me précipitant vers la chambre je me rhabillais devant ma femme, qui allait devenir très vite mon ex-femme... Elle était pourtant si jolie ! «Écoute. Tu m'oublies, tu me ne rappelles pas, on n'est pas mariés, on ne s'est jamais marié regarde : je te donne cette bague. Profite de la vie, fais attention aux voitures dehors et sois heureuse !» Je courais jusqu'à l'ascenseur, l'entendant déjà crier derrière moi. Il fallait que je fuis, que je partes de cet endroit qui commençait à m'attirer que des emmerdes.

Appel téléphonique : «Euh dis moi Ryan... Tu te souviens de ce voyage que tu m'avais proposé si je gagnais une fois le jackpot ?» «à Bora Bora ?» «Oui voilà, c'est ça ! Il tient toujours?» «Hmm oui il tient toujours, je pense enfin... Tu as gagné ?» « Quatre fois même !» «Et bah ça ! Ton avion part dans deux jours, bonnes vacances !»

Enfin, j'allais pouvoir me détendre, dans un lieu où l'on ne m'embêterait pas. Enfin j'allais pouvoir profiter de la vie, gardant le peu d'argent qu'il me restait. J'avais prévu de vendre de la drogue pour gagner plus. Cela aurait peut-être pu fonctionner après tout ? Mais le destin, ou plutôt Ryan, en avait décidé autrement... «Bonjour ! Réservation au nom d'Eastwood s'il vous plait.» la jeune femme, intimidé par le regard aguicheur que je lui lançais chercha la réservation pour ensuite afficher un sourire radieux. «Oh ! Le nouvel employé ! Bienvenue ici et bonne chance pour la suite. Votre chambre est la suivante.» Elle me donna la clé. C'était quoi cette blague ?! Nouvel employé ?! Il y avait dû avoir erreur. Mais j'étais si surpris de cette nouvelle que je me dirigeais tout de même vers mon appartement bien situé pour admirer ce que mon cher ami m'avait laissé... Sur le frigo, un mot : « Désormais, tu comprendras ce qu'est la vraie vie. » Merci, merci beaucoup. La galère est loin d'être terminée...